Je ressemble à la grenouille des bois qui vit sa vie, tête au-dessus de l’eau, tranquille.
Qui plonge, au passage d’un vieux camion soulevant la poussière, dans l’humidité rassurante de la vase et de la feuille éteinte.
Je me suis souvent demandé quelle était ma vraie maison : celle de la pluie se rassemblant au printemps en ruisseaux clairs
ou celle de l’air ensoleillé, baigné par la moiteur des pins. La grenouille préfère l’eau et moi j’ai besoin d’air. Mais certains jours,
parfois accompagnée de sourds grondements de tonnerre et d’éclairs pareils à un soleil artificiel,
l’eau tombe du ciel. Alors la grenouille chante, gorge déployée, béate, et moi aussi.
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